Ça descend, ça descend !
Oui, heureux constat ce matin au réveil après une nuit normale : le niveau de l'eau descend ! Certes, cela ne va pas forcément aussi vite qu'on le voudrait mais au moins, ça descend !
Nous le constatons aux traces d'eau et d'hydrocarbures laissées sur différents supports tels que les cabanes de jardin, les palissades, etc.
Et j'ai d'ailleurs pris un peu de retard pour aller immortaliser le niveau maximum atteint par l'eau... Il manquera sans doute quelques centimètres mais même au niveau où je l'ai marqué, cela restera sans doute impressionnant.
D'ailleurs, si les autres habitants du port ont décidé d'immortaliser ce niveau sur leur cabane ou sur une porte de hangar :
Je l'ai fait également mais j'ai décidé d'innover en le traçant sur la coque du bateau :D :D :D
Autre changement dans l'environnement, que j'ai eu un peu de mal à identifier sur le moment, même si je me rendais bien compte qu'il y avait une différence : le bruit !
En effet, après plusieurs jours de silence, où seuls le bruit de l'eau et des oiseaux se faisaient entendre, nous avons commencé à entendre de nouveau des bruits d'origine humaine : des moteurs se sont fait entendre ce matin, sans doute des groupes électrogènes ou des pompes, des voix qui se réfléchissent à la surface de l'eau, des gens qui passent (sur des barques)... Enfin, toute une activité humaine qu'il n'y avait plus ces derniers jours, signe que la situation revient vers la normale.
Ah si, j'avais oublié les hélicoptères qui nous survolaient ces derniers jours ! Il y en avait beaucoup plus que d'habitude. Avec toute cette eau, les moustiques sont énormes cette année :D
Si avec le nombre d'hélicoptères qui sont passés filmer, photographier ou surveiller la zone, nous n'apparaissons pas à la télévision dans un reportage consacré à la crue, ce sera à ne plus rien comprendre...
La descente de l'eau est lente et la surveillance des amarres s'en trouve un peu relâchée : il n'y a guère beaucoup de jeu à rattraper pour le moment. Le point délicat arrivera lorsque le niveau de l'eau atteindra le quai bétonné et il nous faudra faire bien attention que la tension des amarres permette au narrowboat de reprendre sa place dans le port et non pas sur le quai... Certes, cela m'économiserait les frais de grutage pour sa prochaine sortie de l'eau mais cela risque de me coûter cher en avaries sur la coque, hélice et gouvernail...
La matinée s'est passée sous de bonnes averses, signe que le ciel n'en a pas fini.
Lors d'une accalmie, j'ai emmené mon matelot faire un petit tour de canot dans les environs inondés, histoire de prendre quelques photos et de s'arrêter au passage au bateau à Stephane pour y prendre l'apéritif. Eh! oui, c'est important pour le moral :)
Entretemps, Jonathan, un habitué du port, nous a amené son jet ski afin que nos allers-retours soient moins fatigants jusqu'au début du chemin des Praillons.
La rue étant toujours sous 1m20 ou 1m40 d'eau, il est compliqué d'aller faire les courses et de se déplacer en général. D'autant que pour aller jusqu'à la grande route, nous faisons face au courant et qu'il faut pagayer vivement pour couvrir un petit kilomètre.
Pendant que mon matelot partait faire quelques courses, je l'attendais au bout du chemin avec le canoë en discutant avec les habitués des environs, les pompiers et la police municipale qui étaient là.
Un canot à moteur des pompiers leur permettait d'amener les gens déjà évacués de venir voir ce qu'il advient de leurs biens dans la rue. Beaucoup, et à juste titre, font grise mine tant les dégâts sont considérables. Un petit vieux évoquait même le suicide, nous avouant qu'il n'aurait pas la force de tout recommencer, que l'eau avait emporté ou détruit la plus grande partie de sa vie :(
Même s'il ne s'agit que de biens matériels, il est vrai qu'ils ont perdu beaucoup et je mesure notre chance. Bien sûr, nous avons pris quelques risques, nous avons parfois bien galéré et s'il nous manquera sans doute un salon de jardin, un barbecue ou des pots de fleurs emportés par les flots, la plus grande partie de nos biens est restée au sec à bord.
En discutant avec quelques personnes âgées qui ont connues les dernières crues importantes, il semble que celle-ci soit supérieure à la crue de 1982, d'au moins une quarantaine de centimètres...
Comme il n'y avait qu'un seul canot de pompier et que mon matelot ne revenait pas des courses, j'ai emmené quelques personnes chez eux voir ce qu'il était advenu de leurs biens. C'est curieux d'ailleurs comment les gens réagissent différemment devant un même désastre...
Lorsque mon matelot est arrivée, j'ai embarqué le ravitaillement dans le canoë et je suis reparti vers le port. Dans ce sens, il suffit de garder le canot bien droit, le courant fait le reste jusqu'au port :)
Le reste de la journée s'est passé tranquillement. Stephane a également participé aux norias de visites et il nous a amené un plaisancier du port qui était venu prendre de nos nouvelles et nous apporter quelques victuailles :)
En fin de journée, force était de constater que le niveau a baissé de 30 ou 40 cm dans la journée. Certes, c'est bien, mais il semble que le rythme de la descente ait beaucoup diminué et au cours des dernières heures, on distinguait de plus en plus mal l'évolution...
On voit bien que le niveau de l'eau a baissé, la barrière est bien plus visible :
La ligne sombre sur la palissade en bois dans le fond du jardin montre les quelques dizaines de centimètres de baisse de l'eau :
Ah ! ma parabole refait surface, lentement :
Et on distingue ce qu'il reste du coffre de jardin sous la tonnelle :
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