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lundi 20 mars 2017

Encore un oublié de l'Histoire : Julien Guillaume, mécanicien et inventeur (1935)




Le "Tout à Flot", le bateau insubmersible de Julien Guillaume (1935)




Comme souvent dans mes recherches, tout est parti d'une photo trouvée un peu au hasard. On y voit un bateau à moitié immergé dans les eaux de la Seine à Choisy-le-Roi... mais de quoi d'agit-il ?




"Expériences d'un bateau insubmersible à Choisy-le-Roi (Seine) ":



Photographie neg. sur verre 
Agence de Presse Meurisse (1935)

Source : Bibliothèque nationale de France


J'ai retrouvé un article dans un vieux journal évoquant cet événement :

"Un navire a coulé entraînant au fond des flots son capitaine... mais, celui-ci grâce à son invention est remonté à la surface avec son bateau. Ce dernier est un yacht de plaisance, mesurant 10 m. de longueur. Au moyen d'un dispositif que M. Julien GUILLAUME, ancien mécanicien de la marine, avait placé à bord pour l'expérience, le bateau qu'il a mis volontairement en état d'avarie, a coulé, est revenu à la surface et s'y est maintenu en flottaison transformé ainsi en épave flottante.  
C'est après quatre années de recherches laborieuses que M. Julien GUILLAUME a démontré avec succès ce nouveau dispositif de sauvetage assurant l'insubmersibilité des bateaux.  
Voici le yacht "Tout à Flot" remontant à la surface après son expérience.  "



Bon, à la lecture de cet article, nous n'avons pas beaucoup d'informations sur ce nouveau dispositif ! Mais j'ai retrouvé d'autres photos de l'agence de presse qui m'ont donné envie de chercher l'histoire de ce monsieur. 

Notez les détails des photos : la clé pour l'appareil du preneur de vues sur la gauche, la physionomie de l'inventeur :)








Nous n'avons pas beaucoup d'informations sur ce nouveau dispositif... Pourtant, il a fait les honneurs de la presse pendant plusieurs mois. 


Mais qui est-il ce monsieur Julien GUILLAUME ?



Il est né à Rodez et il s'est engagé dans la marine nationale le 20 septembre 1917 à Toulon. Il y est devenu mécanicien. Désigné pour le 20ème contingent de l'école de télégraphie sans fil sur l'Amiral-Thouard, il embarqua ensuite sur un torpilleur, l'Orage, puis sur un contre-torpilleur, le Pistolet.

A la fin de la première guerre mondiale et jusqu'à sa démobilisation, il est affecté au front de mer à Marseille. 

Il est frappé par les catastrophes navales et par le manque de moyens des sauveteurs. Citons la catastrophe du Titanic, en 1912, qui a provoqué la mort d'environ 1 500 victimes. Puis l'Empress of Ireland en 1914 (1 012 morts) et l'Eastland en 1915 (810 morts).

Aussi, Julien GUILLAUME a cherché à éviter ces naufrages. 
Ses recherches ont abouti à un premier appareil qui a fait l'objet d'une démonstration le 02 octobre 1932. Il a ensuite construit un second appareil, ayant vaguement la forme d'un sous-marin, dont il a effectué les essais à Toulon et à Bordeaux et qui lui ont valu de précieux encouragements.

Le 05 janvier 1933, à Marseille, il passe 47 minutes sous l'eau avant d'émerger en présence des autorités locales et du M.TASSO, député et président de la commission de la marine marchande.
Il poursuit ses essais à La Ciotat, à Cannes, Nice, La Seyne et Villefranche. A Saint Raphaël, il a rencontré M. Georges LEYGUES, un ministre qui va lui permettre de faire une expérience devant une commission officielle. Cette démonstration réussi parfaitement et les techniciens sont attirés par ses travaux.

Hélas, ils lui demandent son secret, ses plans et devant son refus, ils se détournent de ce projet. 
M. LEYGUES tentera de lui obtenir un sous-marin déclassé pour effectuer ses expériences sur une plus grande échelle mais il se heurte au cabinet militaire du ministre qui ne lui accordera pas.

L'inventeur n'est qu'un très modeste ouvrier, presque sans ressources, et il a dépensé ses économies pour mettre au point son invention. Il s'adresse alors à la presse et à l'opinion pour trouver des aides. Une souscription sera d'ailleurs ouverte en faveur de M. GUILLAUME.

Grâce à un petit yacht de plaisance de 10m, le Tout-à-flot, qu'il équipera de son invention, Julien GUILLAUME multiplie les démonstrations de Nantes à Choisy-le-Roi en se mettant volontairement en avarie. Il coule son bateau et revient à la surface en s'y maintenant de nouveau en flottaison. Il lui a fallu quatre années de recherches pour en arriver là.

A propos de son invention, Julien GUILLAUME déclare qu'elle est déconcertante pour le profane et même pour le marin. Elle repose sur un principe que tout le monde connait mais qui n'a jamais été appliqué.

Un sous-marin plonge en emplissant ses ballast et il remonte en chassant le liquide avec de l'air comprimé. Son invention est différente car elle remonte avec la charge d'eau qui n'a pas encore été évacuée ! C'est intéressant pour les sous-marins mais encore plus particulièrement dans le cas de bateaux présentant des avaries que son système peut maintenir à flot ou de bateaux qui ont coulé et que son invention peut faire sortir de l'eau. Il précise que ce dispositif est peu encombrant et proportionné à la taille du bateau. Pour son bateau de 10m, le système fait 25 kilos et pour un transatlantique, il faudrait un appareil de 10 tonnes pour l'empêcher de couler s'il se produisait une voie d'eau.
Pour le reste, comme en face des techniciens, l'inventeur conserve précieusement son secret.


Des brevets ?


Les brevets déposés par l'intéressé en 1932 et 1933, trouvés sur le site de l'INPI , nous fournissent quelques explications : il s'agirait d'un dispositif à changement de volume souple. C'est à dire à base de poches imperméables et souples dans lesquelles on souffle de l'air ou un gaz lèger. L'inventeur illustre son brevet par l'exemple d'un bidon de 100 litres entièrement percé et dont le poids serait de 20 kilos. Il place à l'intérieur une chambre à air capable de recevoir de l'air en quantité suffisante pour faire flotter les 20 kilos et il la gonfle avec de l'air comprimé en bouteilles ou provenant de pompes aspirantes ou refoulantes.

Ce système peut être employé dans toute embarcations depuis la petite barque jusqu'au plus grand paquebot. Il suffit de placer des appareils à changements de volume calculés comme grandeur au poids qu'ils auront à faire flotter quand ils seront dans la position de leur plus grand développement (en cas d'avarie). L'inventeur précise que l'on peut même comprimer par pression, sans lâcher d'air pour obtenir un changement de volume.

Voici donc le secret de notre inventeur, c'est le principe de la poussée d'Archimède finalement. L'histoire ne dit pas s'il a fait fortune mais si son système ne me semble pas utilisé de façon préventive sur les bateaux, l'utilisation de poches gonflables pour renflouer les navires coulés est toujours d'actualité.






























Le 24 juillet 1934 :









Le 08 mai 1934 :







Le 09 février1935 :









Le 09 février 1935 :









Les 10 et 11 février 1935 :










Le 28 juillet 1934 :













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